Edito : « sale arabe ! » & « tous à la rue »

Cette fin de saison vient de connaître deux « sorties » liées à l’arbitrage qui peuplent aujourd’hui toutes les conversations.
Une épouse meurtrie
Tout d’abord, c’est l’épouse d’un arbitre qui s’est fendue d’une lettre aux accents dramatiques alors que son mari venait de se faire traiter de manière scandaleuse par un joueur adulte, membre d’un comité de club, dans une rencontre de Fun League (ex-Mineures). Ayant reçu une carte jaune pour une première réaction inappropriée, le joueur s’est rebellé et a traité l’arbitre en question de tous les noms y compris de celui de « sale arabe ». « Mon mari s’est fait traiter sur son apparence physique, ce qui n’était pas juste une insulte mais bien une blessure. » La carte rouge fera sans aucun doute d’un rapport et d’une sanction que nous suivrons avec intérêt; certains réclament une suspension longue, d’autres une punition adaptée. La lettre parue sur Facebook a suscité compassion pour l’arbitre en question, condamnation unanime du joueur.
Un avis tranché
L’autre sortie, inattendue, est celle à laquelle La Libre a donné écho, celle de John John Dohmen qui était interviewé à l’issue de la rencontre de son équipe dont le résultat l’éliminait des play-offs. « Les arbitres sont à la rue… demandez à tous les joueurs, ils pensent la même chose. » Sous le coup d’une grosse déception et à chaud, le joueur de l’Orée a rajouté dans ses déclarations que les arbitres avaient pris des décisions qui ont coûté cher à l’Orée. Et de déplorer que les arbitres ne soient pas au même niveau de préparation et d’entraînement que les joueurs de DH.
L’Orée a officiellement réagi sur le réseau social en relevant que les propos de Dohmen étaient relevés à chaud et ne reflètent en rien la position du club.
Dans La Libre
Le commentaire suite aux déclarations de Dohmen parues sous le titre « joueurs et arbitres, le contact est rompu » rallume une mèche qui avait été doucement éteinte au cours de ces deux dernières années par le travail du comité d’arbitrage. « La coupe est pleine…, les critiques fusent loin des micros…, les joueurs évacuent leurs frustrations sans gêne…, les arbitres manquent de cohérence…, de charisme…, etc. » Tous ces reproches sortent sous la plume de Thibaut Vinel qui ouvre son commentaire en constatant que « la coupe est pleine et que le fossé entre les joueurs et les arbitres se creuse. »
Ailleurs
Des informations et des « anecdotes » nous arrivent régulièrement sur des rencontres où l’arbitrage a été catastrophique si pas lamentable. Rarement, les arbitres sont félicités de leur prestation; pourtant il nous arrive que les correspondants de Nationale 1 signalent ces bonnes prestations dans les compte-rendu que vous aurez pu lire sur notre site.
Expliquez !
Les « sorties » sujets de cet édito gagneraient beaucoup en crédibilité si elles étaient étayées par des faits précis. Il est facile de dire que l’arbitrage était mauvais sans dire en quoi il était mauvais. La cellule arbitrage de la Fédé fait un gros travail pour tenter de récupérer la perte irréparable d’un grand nombre de ses arbitres plus anciens, mais n’explique pas ce qu’elle fait en réalité. Les arbitres sont formés, ils s’entraînent, les meilleurs belges sont appréciés à l’étranger et il y a donc de la qualité chez nous. Que nos arbitres ne soient pas professionnels au même niveau que les joueurs n’est pas une explication du mécontentement des joueurs. Une meilleure communication sur le travail des arbitres pourrait faire en sorte que les joueurs soient plus tranquillisés et qu’ils soient alors plus concentrés sur leur propre jeu. Pour ce qui est du respect de l’arbitre, il y a aussi une mentalité à acquérir que le rugby nous montre : là aussi, il paraît que la Fédé s’occupe d’y remédier dans le cadre du Plan Arbitrage; on attend une communication à ce sujet…

Philippe Demaret