Archive parue le 26-04-2016 L’exemple d’Armand Solie doit susciter une prise de conscience à tous les niveaux. Il veut garder l’éthique au-dessus du reste.
Il est un des monuments du hockey belge. Armand Solie a trois JO au compteur, quelques titres de champion de Belgique comme joueur et comme entraîneur.
Indiana
Mais son nom restera surtout lié à l’Indiana, le club qu’il a fondé à De Pinte. Un club qui a d’abord vécu dans l’ombre de la Gantoise et qui a longtemps fourni ses meilleurs éléments au club le plus en vue des Flandres. L’Indiana a grandi et il a récemment fait l’acquisition d’un deuxième terrain pour accueillir plus de 800 membres. Il y a deux ans, le club a également accueilli de nouveaux partenaires et membres du comité de direction.
Armande Solie, fondateur, président puis directeur sportif, a dû faire face à l’appétit de certains.
« C’était selon moi intéressant d’avoir des collaborateurs en plus. Le club était en progression et l’école des jeunes grandissait. J’ai vu arriver un sponsor pour le club qui m’a également bien fait comprendre qu’il fallait aussi que sa fille soit alignée en Cadets 1. Sa fille ne méritait pas sa place dans cette équipe, selon l’avis de mes entraîneurs. Je lui ai donc fait savoir que je ne fonctionnais pas comme ça. Il fallait rester honnête dans ce domaine.»
Solie allait rencontrer des soucis dans des réunions de direction, où d’un côté on voulait le nommer directeur sportif à vie, mais d’un autre côté on voulait lui imposer des choses qui allaient contre l’équité sportive.
« Certains sont arrivés dans la direction du club avec des ambitions pas désintéressées. Je comprends bien que des gens voulaient mettre de l’argent dans le club mais d’obtenir grâce à cela des passe-droits au niveau sportif, cela ne se fait pas. »
Un prix
Solie a toujours été un joueur fair-play. Il fut récompensé en son temps par un prix spécial du Fair-Play pour deux gestes en tant que joueur.
« C’était un match où un joueur avait fait une faute sur moi et l’arbitre l’avait sanctionné d’une carte rouge. Je suis allé trouver l’arbitre (c’était Didier Dockier) et je lui ai dit que son geste ne méritait certainement pas une carte rouge : il a accepté de l’annuler. A peine quelques dimanches après, il y a eu une altercation avec deux joueurs du Relais, rien de méchant, et les joueurs ont également hérité de cartes ; une des jaunes a tourné au rouge et j’ai été trouver Robert Frère pour lui dire que cela allait peut-être un peu trop loin ; il est revenu sur sa décision. Je ne voulais pas dans les deux cas que l’équipe adverse soit pénalisée injustement. » La chose a été reprise dans les journaux, ce qui a valu la distinction à Solie. Avec une couronne de laurier, Solie reçut un dessin personnalisé de Pad’R…
Solie comprend la tournure que prend le hockey aujourd’hui, avec l’argent qui rentre dans le circuit hockey. « Oui, c’est peut-être un peu naïf, mais je reste fidèle à l’ancienne éthique. Je ne veux pas voir ce que j’ai vu la semaine passée au foot où un entraîneur va engueuler l’arbitre et montre un très mauvais exemple pour nos jeunes. Ce n’est pas normal. J’ai été voir Racing-Dragons et j’ai entendu des paroles qui me semblent un peu déborder du traditionnel respect propre au hockey. Il y a maintenant des gens qui arrivent au hockey et qui n’ont pas notre éducation et notre éthique. Il faut faire attention à cela. »
Encadrons !
Le nouveau public qui vient au hockey devrait selon Solie être encadré ; l’idée des stewards avait déjà été évoquée en ces colonnes. « Mais c’est peut-être aussi un peu naïf que de vouloir lutter contre cette tendance. » Sans doute pas puisque la fédé a lancé des actions sur le fair-Play, encore tout récemment.
C’est l’éthique qui a donc fait que Solie a décidé de ne pas jouer le jeu que voulait imposer certaines personnes de son club chéri. « J’ai bien senti que j’allais avoir à chaque fois mettre mes valeurs de côté face à eux. Je n’ai pas voulu cela et je suis parti. »
C’est vraiment la mort dans l’âme que le fondateur du club a quitté l’Indiana. Il n’est pas resté longtemps hors du hockey puisque le Happy Waregem renaissait de ses cendres et que le jeune club l’appelait pour donner un coup de main. Il a donc repris le stick en main pour dispenser sa science dans un environnement incroyable, le site du Happy comprenant un tout nouveau terrain ainsi que des installations dignes des plus grands clubs multisports.
VOS REACTIONS
Je comprends bien les soucis que peut rencontrer Armand (*) au bord des terrains et je suis certain que vu le nombreux public de ce très bon Racing- Dragons, des propos (et plus) déplacés ont dû fuser depuis le bord du terrain.
J’assiste au minimum à trois rencontres par week-end et comme j’y suis le plus souvent pour observer l’arbitrage, on en entend effectivement “ des vertes et des pas mûres ”.
C’est un fait qui, pour moi aussi, au minimum me chagrine et très souvent me choque et me révolte.
Pour en revenir à cette rencontre, ce qui m’a par contre fait énormément plaisir est l’attitude des deux équipes qui, malgré l’enjeu (EHL), ont fait preuve de la plus grande sportivité tant à l’égard de l’équipe opposée (je ne veux pas écrire “ adverse ”) que des deux arbitres.
Plusieurs gestes évidents de Fair-Play ont eu lieu non pour faire le show mais par simple respect et admiration (p. ex. Cédric Charlier vis-à-vis de Loic Van Doren).
Il est bien heureux que cette rencontre ait été diffusée en direct à la télévision car, comme le Dragons – Waterloo Ducks quelques semaines auparavant, cela présente le meilleur côté de notre sport.
A contrario, je regrette vivement que la presse écrite dans son ensemble soit passée totalement à côté de cet aspect de la rencontre.
Ce n’était pourtant pas difficile à voir mais certains journalistes ont une fâcheuse tendance à s’attacher plus aux ragots, potins et bons mots du public qu’à l’aspect sportif. Une question de choix et certainement aussi de compétence.
Christian Z.
J’ai lu l’article sur Solie.
Ce Monsieur que je ne connais pas a certainement connu une autre génération de hockeyeurs où le mot gentleman était encore dans le vocabulaire. Aujourd’hui, le monde du hockey s’ouvre à plein de gens qui ne sont pas accueillis comme il le faudrait.
Depuis au moins 10 ans, l’ARBH clame sur tous les toits qu’elle veut atteindre les 20 milles, puis les 30 milles puis les 40… etc. Cette folie mégalomaniaque qui a attiré tout le monde (et l’argent) a fait que le hockey n’est plus le sport tranquille qu’il était. Il n’y a pas assez de terrain, il n’y a pas assez d’installations, de club house, de vestiaires et surtout il n’y a pas assez d’encadrement (moniteurs, entraîneurs).
C’est joli d’avoir réussi à se qualifier pour les jeux olympiques. C’est super pour les 40 joueurs et joueuses qui ont réalisé ce parcours. Cela a coûté beaucoup d’argent, cela a entraîné un intérêt fantastique pour le hockey, tout cela à la gloire de l’ARBH.
Mais derrière, ce sont les clubs qui en subissent les conséquences et qui doivent assure les conséquences de ce développement.
Débrouillez-vous, semble-t-on avoir dit au clubs ! Alors qu’il aurait fallu pour tout euro dépensé pour les équipes nationales au moins autant pour encadrer les clubs. Y a-t-on pensé ? Non, vraisemblablement !
François D.
Superbe article sur mon ami Armand
Francis B.
Armand Solie est un homme de terrain qui a gardé les valeurs de base du hockey. Tous les samedis, on voit des choses pas jolies jolies (c’est dans tous les sports) et le fait que les parents mettent la pression sur les entraîneurs pour faire jouer au plus haut est naturelle mais anormale. Il y a encore beaucoup de choses à apprendre aux parents.
JF DB
Il semble intéressant de relire cet appel de l’ARBH:
Voici l’appel de la fédé :
23/10/2015 – Un peu plus de 6 semaines de championnat se sont écoulées et aujourd’hui, nous sommes particulièrement inquiets des faits et comportements qui nous sont rapportés de plus en plus régulièrement à tous niveaux.
En seniors, des agressions verbales, voire des menaces physiques envers les arbitres, des coups de tête entre joueurs ou encore des coups de stick volontaires.
Chez les jeunes, ce n’est pas mieux : des injures entre joueurs, des paroles inutilement blessantes, des joueurs qui crachent dans leurs mains avant d’aller serrer celle de leurs adversaires…
Bref, nous sommes très loin de nos valeurs de respect et de fair-play – notre ADN – qui font la beauté du sport qui nous est cher.
Nous avons fait part de notre préoccupation aux Procureurs et aux Présidents des Comités de contrôle qui la partagent et qui nous ont assuré qu’ils mettront tout en œuvre pour combattre ces tristes comportements.
Nous vous demandons de relayer ce message au sein de vos clubs respectifs et à tous les niveaux.
De notre côté, nous nous adresserons en direct vers les présidents des clubs plus particulièrement concernés par certains agissements afin de trouver tous ensemble des solutions à ces faits déplorables.
Le respect et le fair-play, c’est une affaire de tous et à tout moment !
