Contribution externe de Lionel Fuchs
Les premiers pas de jeunes hockeyeuses kazakhes à Bruxelles
Le ciel est lourd, l’air est doux. Sur la place de la Bourse à Bruxelles, deux jeunes filles kazakhes marchent avec timidité, serrant contre elles leur sac et leur curiosité. À leurs côtés, les visages pressés des Bruxellois contrastent avec leurs regards émerveillés. « C’est la première fois que nous venons en Europe », glisse doucement Eteliya, 13 ans, dans un souffle. À ses côtés, Ismira sourit, déjà absorbée par la beauté des bâtiments, par l’agitation calme d’une ville qui n’a rien à voir avec Shymkent ou Almaty.
La veille, le 20 juillet, elles ont été accueillies à l’aéroport par leur famille d’accueil, dans une atmosphère mêlant chaleur et nervosité. Après un après-midi familial pour s’installer, les filles ont plongé directement dans l’ambiance festive d’Uccle : bal populaire, musique, drapeaux, sourires. « C’était comme une fête de village, mais au milieu de Bruxelles. On dansait avec des gens qu’on ne connaissait pas. C’était fou. » racontera plus tard Vera, l’une des coachs.
Plongée dans l’élite belge
Le 21 juillet, jour de fête nationale, n’était pas un jour de repos. Direction les installations des Red Panthers, l’équipe nationale féminine belge. Dans les couloirs modernes, les vestiaires impeccables, un équipement dernier cris, les jeunes visiteuses ont écarquillé les yeux. Elles ont même posé aux côtés des joueuses internationales, affichant une fierté discrète mais intense. « Elles nous ont dit de croire en nous. Que l’Europe, ce n’est pas si loin quand on travaille. »
La journée s’est poursuivie avec un repas partagé entre délégations belge, irlandaise et kazakhe. Une tablée haute en couleurs, échanges de maillots, anecdotes de vestiaire et rêves d’avenir.
Une semaine au cœur des terrains
Dès le 22 juillet, le rythme s’est accéléré. Eteliya a rejoint le prestigieux camp Tom Boon Hockey Camps, en internat. Sur les terrains, elle s’est intégrée sans attendre : passes ajustées, sourires en coin, quelques hésitations linguistiques vite balayées par l’universalité du sport et un bon smartphone.
Ismira, elle, a pris la direction du Royal Léopold Club, bastion historique du hockey belge. Sur ces pelouses foulées par des générations de champions, elle a travaillé d’arrache-pied, observée et encouragée par des entraîneurs bienveillants. Chaque soir, elle rentrait à la maison d’accueil épuisée mais rayonnante.
Les deux coachs, Natalya et Vera, n’étaient pas en reste : deux jours d’observation au camp Tom Boon, deux jours au Léopold, carnet à la main, questionnant, photographiant, enregistrant. « Le plus impressionnant, ce sont les structures… et la pédagogie », commente Natalya. « On veut ramener des idées chez nous, changer les méthodes. »
Rencontres et reconnaissance
Le 25 juillet, dans le cadre verdoyant de l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, les joueuses ont été officiellement reçues. Les ambassadeurs, diplomates, représentants de la diaspora et du monde sportif étaient réunis. Photo de groupe, discours, poignées de main, et au centre, ces deux adolescentes encore un peu surprises de l’ampleur de l’événement. « Elles ne réalisent pas encore. Mais un jour, elles comprendront ce que cela représente », glisse Irina Khvan, coorganisatrice du projet.
Une première page, et déjà la suite
Derrière cette aventure humaine et sportive, une organisation discrète mais déterminée. Le projet est né de la volonté de la famille belgo-kazakhe Fuchs-Khvan de bâtir des ponts par le sport. Tout a été offert, financé, organisé par eux et les clubs partenaires.
Les remerciements sont nombreux :
Le Royal Léopold Club pour son accueil et son histoire
Tom Boon – légende du hockey belge – pour avoir ouvert les portes de son camp
The Challenger ASBL, qui prendra le relais en deuxième semaine
La Fédération Royale Belge de Hockey et M. Benoît De Wit pour la visite des installations nationales
Le Consulat de Belgique à Almaty pour leur soutien dans l’obtention des visas
Jacques Van den Balck et Mike De Sloover, véritables artisans des connexions
Mais cette première semaine n’était qu’un départ. Lundi commence une nouvelle étape : les filles intégreront le stage de The Challenger, tandis que les coachs passeront de l’observation à l’action, épaulant les entraîneurs belges. D’autres rencontres, d’autres idées, d’autres défis les attendent.
Car plus qu’un stage, ce séjour est devenu un véritable voyage initiatique, une invitation au dépassement, à l’échange et à la confiance. Une graine est semée et avec elle, l’espoir de voir éclore, demain, un pont solide entre le Kazakhstan et la Belgique. Par le sport, mais surtout par l’humain.
